UN APERÇU SUR LA SITUATION ACTUELLE DES VIOLENCES SEXUELLES AU BURUNDI Le rôle de l’église et les voies possibles d’une intervention

Ce document « Un aperçu sur la situation actuelle des violences sexuelles au Burundi : Le rôle de l’église et les voies possibles d’une intervention » a été commandité par TEARFUND pour être une étude de cas d’un appel plus général à l’Église : «

Fini le silence ! » examinant le potentiel inexploité des églises face à la violence sexuelle.

 

Durant le conflit, qui a duré une décennie (1994-

2005), le Burundi n’a pas été épargné d’expérimenter la violence sexuelle sur son sol. L’étude donne des exemples concrets de ce traitement inhumain. Alors que les hommes étaient tués et les jeunes garçons enrôlés dans les groupes armés, les filles et les femmes étaient victimes de violence sexuelle. Les femmes et les filles qui ont connu ce sort ont été accueillies par l’indifférence générale et stigmatisées, et même privées du droit d’exprimer leurs souffrances,

alors que leurs auteurs continuaient à vivre en toute tranquillité.

 

Aujourd’hui, bien que les armes aient été réduites au silence, la violence sexuelle est encore pratiquée et malheureusement, des signes qui en portent le témoignage commencent à émerger, révélant que sa prévalence est en progression au moment où s’instaure le règlement  des accords de paix. Les femmes et les filles qui ont été victimes de sévices sexuels pendant la guerre, ou même actuellement, n’ont aucune place légitime parmi leurs pairs, leurs familles, leurs communautés et aux yeux de l’administration

locale. Nul n’ignore que les violences domestiques et sexuelles ne sont pratiquement jamais dénoncées, bien que la situation soit en train de changer progressivement. Ce manque d’action est causé par l’ignorance, l’appréhension, l’embarras, la crainte et le manque de confiance dans la capacité, ou la disposition, des autorités compétentes pour mettre un terme aux sévices et protéger les victimes de leurs agresseurs.

Les femmes et les filles les plus vulnérables à la violence sexuelle sont celles qui, très souvent mais pas exclusivement, sont issues de familles instables et sujettes à la violence, ou qui ont souffert des sévices sexuels antérieurs ou sont victimes d’une extrême pauvreté. Les victimes de la violence sexuelle souffrent souvent de séquelles d’ordre physique comme des grossesses non désirées, des maladies transmises sexuellement, même le VIH ou le sida, et tous les types de

blessures, d’humiliation psychologique et d’exclusion sociale. La violence sexuelle est une forme extrême de la violation des droits de la personne : la perte de l’estime de soi, l’opprobre, l’abandon familial et scolaire, etc.

 

L’étude recommande diverses mesures où les gens de foi, particulièrement les chrétiens, ont la possibilité de s’engager. L’Église devrait montrer la voie en brisant le silence. En tant que croyants, nous devons nous demander comment faire pour mieux sensibiliser nos communautés sur les conséquences de toutes les formes de violence, et œuvrer activement pour changer les attitudes et les pratiques qui perpétuent la violence dans les foyers, les familles et les institutions. Les leaders des églises devraient utiliser leur capacité

d’exercer leur influence dans leurs communautés, en restant très proches de ceux qui y vivent, en étant respectés, consultés et écoutés. Ensemble, avec toutes les personnes de bonne volonté, les organisations confessionnelles, et notre gouvernement,  nous pouvons faire une

différence. Nous sommes appelés à conjuguer nos efforts dans les domaines de la prévention, pour briser le silence par la dénonciation, soutenir les victimes, parler au nom des faibles, des isolés et des opprimés,

sans oublier la puissance de la prière.

Je crois que l’on peut espérer. Nous, les chrétiens, nous savons que l’amour et le respect des uns pour les autres sont les meilleures armes pour combattre  cette atrocité. Commençons à le faire. Comme l’a dit quelqu’un : « Il est préférable d’allumer une chandelle que de maudire

l’obscurité. » Commençons là où nous en sommes,

parce qu’un voyage de mille kilomètres commence avec le premier pas.

 

Que le Père céleste nous guide dans ce voyage.

 

Le Très Révérend Bernard Ntahoturi Archevêque de l’Église anglicane du Burundi

 

 

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