Cette évaluation se concentre sur l’appréciation des indicateurs clés pour le projet SDSR mis en
œuvre par Health Net TPO dans les provinces de Bubanza, Bujumbura rural et Cibitoke.

L’objectif principal de l’enquête a été de recueillir des données en rapport avec 4 indicateurs du projet : (i) les besoins non satisfaits en planification familiale, (ii) les mariages précoces, (iii) les grossesses non désirées et (iv) les VS/VBG dans les trois provinces d’intervention du projet SDSR mis en œuvre par HealthNet TPO. Pour chaque indicateur, il s’agit d’évaluer l’ampleur et de mettre en évidence les facteurs qui sont, non seulement, ceux qui ont le plus d’impact sur le niveau de ces indicateurs dans la zone d’action du projet mais aussi ceux sur lesquels il est possible d’agir, de manière efficace, dans le cadre de la mise en œuvre du projet SDSR.

L’évaluation a utilisé une approche quantitative par des entretiens individuels des bénéficiaires et qualitative par focus groups avec les représentants des bénéficiaires. L’enquête quantitative a touché
1134 personnes dont 23,8% à Bubanza, 47,6% à Bujumbura rural et 28,6% des enquêtés en province de Cibitoke.

Les principaux caractéristiques des participants à l’évaluation sont :

• Par rapport à l’âge,11,5% étaient âgé de moins de 18 ans, 32,5% avaient un âge compris entre [18-25 ans], 31,8% se situaient dans la tranche d’âge de [26-35 ans], 17,6% étaient âgés de [36-45 ans] et 6,2% avaient un âge supérieur à 45 ans.

• L’analyse de leur niveau de formation montre que 25% n’avaient aucune formation, catéchèse/ crèche/école maternelle : 0,5%, primaire complète : 26%, primaire non complète : 29%, secondaire (complète), 6%, Université incomplète : 0,2%, Tronc commun
: 10% et école technique : 4%.

• Concernant la situation matrimonial, 52,5 % vivent un mariage monogame, 27,7% des célibataires avec une faible proportion de divorcés (1,5%) ou de séparés (0,6%). Il apparaît que 8,2 % des enquêtés vivent en union libre et 6,4% en mariage polygame et
1,3% en concubinage.

• Quant à la religion, la majorité des enquêtés étaient des catholiques (56,9%) et des protestants (38,3%). Les musulmans représentaient 1,6%, 1% n’avaient aucune religion et 2,3 avaient d’autres religions qui n’ont pas été spécifiées.

• L’évaluation montre que 42,9% des participants ont moins de deux enfants. Pour 31,1%, l’effectif varie de [2-4 enfants] et chez 20,7% des enquêtés, le nombre d’enfants varie de [5-7 enfants] et enfin, 5,2% disposent de plus de 7 enfants. Parmi les enquêtés, 17% ont
eu au moins un décès d’un enfant de moins de 5 ans.

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Rapport d’évaluation de certains indicateurs du projet SDSR au niveau communautaire, Avril 2015

• Enfin, 66,5 % des enquêtés ne désirent pas avoir des enfants, 1,2% désirent entre [1 -2 enfants], 16,9% désirent entre [2-4 enfants], 12,7% aimeraient avoir entre [5-7 enfants] et
2,6% désirent avoir plus de 7 enfants. Notons que 8% de femmes qui ont participé à
l’enquête sont enceintes et dans 65,6% des cas, cette grossesse n’était désirée

Les résultats clés de cette évaluation se présentent comme suit :

Les résultats portent d’abord sur les besoins non satisfaits (On parle de besoin non satisfait en planification familiale lorsque des femmes et des jeunes filles sexuellement actives souhaitent éviter, espacer ou limiter les grossesses mais n’utilisent pas de moyen de contraception moderne).

• Par rapport à la PF et aux besoins non satisfaits : 28% utilisent les méthodes contraceptives modernes ou naturelles, bien que 67,4 % des enquêtés expriment qu’elles ne veulent pas avoir d’autres enfants et 95,2% ne désiraient pas une grossesse dans les
12 prochains mois.

• Le taux des besoins non satisfaits (désignant les femmes en union qui ne désirent pas plus avoir des enfants ou veulent espacer les naissances d’au moins de deux ans) qui s’évalue à 26,27 %. Des facteurs comme la religion, le niveau d’éducation et le revenu de la femme influent sur la probabilité d’avoir un besoin non satisfait de moyens de limitation des naissances et présentent une forte association négative par rapport à leur niveau . En effet, les gens pratiquant une religion en tête les catholiques et les protestants sont majoritaires à avoir des besoins non satisfaits comparés à celles qui ne se réclament d’aucune religion. Du côté niveau de formation, les résultats ne vont pas dans le sens des affirmations empiriques car les femmes avec besoins non satisfaits en PF se recrutent majoritairement chez les femmes ayant un niveau secondaire qu’il soit complet ou pas.

• Si on considère les femmes en âge de procéer sexuellement actives, le taux des besoins
non satisfaits s’évalue à 52,1 %.

• Les raisons de la non utilisation des MCM sont soit liées au fait que les enquêtés n’éprouvent pas le besoin d’utiliser une méthode contraceptive surtout en province de Cibitoke (75,2%) que dans les provinces de Bujumbura rural (63,9%) et Bubanza (54,7%). Elles sont également liées aux méthodes notamment la crainte des effets secondaires qui constituent un facteur qui limite l’usage des MCM qui s’observent respectivement à 26,9% à Bujumbura rural et à 16% dans les deux autres provinces.

• Concernant les préférences contraceptives, les choix s’hiérarchisent comme suit : l’implant sous cutané est la méthode la plus préférée (23,3%) parmi les méthodes tant modernes que naturelles, suivi du condom masculin (12,7%), des méthodes naturelles (11%) et de la pilule (10,3%). Curieusement, s’il y a des femmes qui croient que la prière est une méthode contraceptive, ceci témoigne qu’elles considèrent une grossesse comme une fatalité. De plus, 5% des non utilisatrices actuelles ne savent pas où se procurer une
méthode contraceptive.

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Rapport d’évaluation de certains indicateurs du projet SDSR au niveau communautaire, Avril 2015

Par rapport aux grossesses non désirés :

• Les résultats de l’enquête montrent que 19,6% parmi les femmes interviewées ont déjà connues des grossesses non désirés. L’ignorance (43,7%) et les relations non protégées (31,1%) semblent être des raisons majeures qui sont à l’origine des grossesses non désirées.

• En milieu scolaire, les résultats de cette évaluation font état de 730 grossesses non désirées rapportées dans les trois provinces (314 à Bujumbura, 204 à Bubanza et 212 à Cibitoke) durant les années scolaires 2012-2013 et 2013-2014. Par rapport à ces deux années scolaires, une réduction des cas de violence s’observe et elle est plus perceptible en province Bujumbura où on a passé de 186 cas à 128 cas, soit une réduction de 58 cas

• L’évaluation montre que 83% des enquêtés estiment qu’il existe sur leur colline des jeunes filles qui sont déjà mères avec une forte fréquence de deux filles par collines (52,9%) et de quatre filles par colline (28,7%). Sur certaines collines, elles sont estimées à une fille-mère dans 14,5% de cas, à 3 filles pour 0,2% de cas ou enfin à plus de 4 chez
3,7% des répondants à l’enquête.

• 52,8% des filles mères sont qualifiées par l’entourage comme des délinquantes, 28,6% comme des élèves à problèmes familiaux, 2% sont simplement des élèves, 3,7% des ivrognes et 14,7% sont tombées enceintes pour des raisons non spécifiés.

• 44,3% estiment que les jeunes filles tombent enceintes par ignorance des méthodes contraceptives. L’environnement socio-économique qui connote la pauvreté chez ces jeunes filles en est aussi une circonstance non négligeable (37,6%). D’autres circonstances comme les VBG (1,2%), les VS (1,4%), la pauvreté proprement dite (0,1%) et d’autres raisons non spécifiées (11,1%) contribuent aussi à ce phénomène de grossesse adolescentes.

• Concernant les auteurs des grossesses non désirées, les élèves constituent la 1ère catégorie des auteurs des grossesses non désirées chez les jeunes filles vivant à Bubanza, Bujumbura rural et à Cibitoke. De même, la catégorie de motards qui manient de l’argent au quotidien trompent facilement les jeunes filles par le biais de petits cadeaux ou d’un déplacement soi-disant gratuit surtout chez les élèves à régime d’externat pour la plupart.

• L’évaluation montre également que 71,6% des enquêtés estiment que les auteurs ne sont pas punis, 24 % remarquent qu’ils reçoivent des punitions exemplaires et 4,4% ont d’autres avis sur ces sanctions.

• Enfin, l’ignorance des méthodes contraceptives est un 1er déterminant (91,5%) de ces grossesses. Les VBG (3,9%) et les VS (4,5%) y contribuent également. Par contre, la
pauvreté en constitue un facteur minime.

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Les mariages précoces

• 15,4% des enquêtés se sont mariés quand elles avaient moins 18 ans différence significative entre les trois provinces

• Les principales raisons des mariages précoces sont beaucoup plus liées à une grossesse non désirées (40 %) et à la pauvreté surtout des familles qui forcent leurs filles à se marier.

• Les personnes qui ont participé dans les FG estiment que les jeunes filles qui se marient précocement sont des matérialistes. Il arrive parfois que les jeunes filles soient désorientés par des amies et même par les parents et étant jeunes, il devient difficile pour elles d’opérer des choix optimaux pour leur vie. Il apparait que le manque de maturité chez la fille et chez le garçon expose le couple au divorce ou à la séparation.

Par rapport aux VBG:

• Les résultats disponibles dans les CDFC indiquent plusieurs cas de VS/ VBG. Pour la seule année de 2014, la province de Cibitoke a enregistré 1192 et celle de Bubanza
358 cas.

• 5 typologies de VS/ VBG (sexuelles, physiques, socio-économiques, psychologiques et les tueries) existent dans la zone d’action du projet et ce sont les violences socio- économiques qui dominent.

• Les violences sexuelles sont aussi inquiétantes. Pour la seule année de 2014, la CDFC Cibitoke a enregistré 190 cas et Bubanza 29 cas. Toutes les tranches d’âge sont victimes des violences sexuelles et c’est la tranche de 16-20 ans qui est la plus touchée. Pire encore, les tranches de 0-5 ans sont touchées à 10 % ce qui indique une pure perversion des mœurs.

• L’évaluation montre que 69% ont déjà entendu parler de VBG et 38,6% en ont entendu et vu des cas dans leurs propres communautés. De plus, 15,3% des enquêtés estiment qu’ils/elles ont déjà été pratiqué ou forcé quelqu’un d’autre à pratiquer des rapports sexuels non consentants à des degrés différents.

• Les VBG seraient respectivement liées et par ordre d’importance à l’absence de communication (40,5%), au conjoint violent (19%), à l’existence d’une concubine (16,7%), aux conflits liés à la gestion des biens du ménage (11,9%), à l’alcoolisme du conjoint (4%), à son propre comportement (2,4%) ou carrément au manque de désir
de rapports sexuels au même moment (2,4%).

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Rapport d’évaluation de certains indicateurs du projet SDSR au niveau communautaire, Avril 2015

• 54,8% des enquêtés tolèrent et d’autres restent tout le temps frustrés dans 11,9 % de cas. De telles attitudes ne peuvent pas provoquer un changement de comportement chez le partenaire, ce qui fait que dans ces conditions, la victime continue à subir cette violence du moment qu’elle/il ne partage pas son ressentiment avec son partenaire. Or les formes de gestion qui sont négligées c’est-à-dire (conseils auprès des amis (7,1%), demande de médiation (9.5%) ou porter plainte pourraient être porteurs de solution à ces VGB.

• Les causes des VBG sont diverses mais l’abus du pouvoir (respectivement à 54,9%,
50% et 53,2% à Bubanza, Bujumbura Rural et Cibitoke) et l’inégalité traditionnelle entre l’homme et la femme (respectivement 20,4%, 36,2% et 33,8% à Bubanza, Bujumbura rural et Cibitoke) constituent des causes majeures des VBG

• Les attitudes des enquêtés témoignent en quelque sorte qu’elles ont moins de connaissances sur les formes de VBG. Ainsi, 48,1% des enquêtés estiment par exemple qu’il est légitime de sanctionner et même de battre les femmes quand elles font des fautes. Cela témoigne quand même d’une nette évolution car l’évaluation de base du même projet avait indiqué que 69 % trouvent normal qu’un homme batte sa femme. Ceci témoigne une attitude infantilisante à l’égard des femmes au niveau des trois provinces. De même, certaines enquêtés (30,9%) pensent encore que les violences domestiques conjugales sont juste une affaire familiale, donc qu’il faut traiter à l’amiable.

• Il est important de remarquer que plus de la moitié des enquêtés (59,1)% pensent qu’il ne peut en aucun cas exister des circonstances qui peuvent empêcher d’avoir des relations intimes avec son époux.

Ce rapport se clôture par une série de recommandations en vue de réduire les besoins non satisfaits en PF, les grossesses non désirées surtout chez les jeunes filles de 10-24 ans, les mariages précoces ainsi que les VS/VBG. Les facteurs de réduction devraient agir sur les facteurs influençant chaque indicateur élucidé dans le rapport. Il s’agit principalement de la religion pour les besoins non satisfaits en PF, de la pauvreté pour les grossesses non désirées et mariages précoces et les pesanteurs socio-culturels pour les
VS/ VBG.

Rapport d’évaluation de certains indicateurs du projet SDSR 21 avril 2015 Version finale TPO

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