Deux dispositifs de serviettes hygiéniques d’urgence pour des écolières, rendus possible par WUFF-Burundi.
Rendre gratuit et accessible les serviettes hygiéniques dans le but de réduire considérablement le taux d’absence scolaire pendant les périodes menstruelles, un objectif que s’est fixé Dr Pacis-Alarine Irambona, à travers son organisation We Up For Future (WUFF-Burundi).
Grâce à ce nouveau dispositif, plus de 550 jeunes filles des Lycées Cibitoke et Agro-Alimentaire de Muzinda ont désormais accès à des serviettes hygiéniques d’urgence depuis le mois de janvier. Via son programme Period Is Not My Limitation, WUFF Burundi vient de mettre en place un projet pilote de 6 mois, destiné à installer des dispositifs de distribution des serviettes jetables pour les écolières du Lycée Cibitoke ((province Cibitoke) et le Lycée Agro-Alimentaire de Muzinda, (province Bubanza). Objectif : évaluer si la gratuité des serviettes hygiéniques et leur accessibilité réduirait le taux d’absence scolaire pendant les périodes menstruelles. « 1 fille sur 3 a signalé s’être déjà absentée au moins une fois suite au manque de serviette hygiénique » rapportent les deux lycées.
Installés de façon permanente dans les dortoirs, ces dispositifs permettent à chaque écolière de bénéficier jusqu’à 4 pièces de serviette hygiéniques, par jour, pendant les menstruations. Ce dispositif concerne 250 filles du Lycée Agro-Alimentaire de Muzinda, (régime d’internat non mixte) et 300 filles du lycée Cibitoke, (à régime mixte). Les élèves externes du Lycé Cibitoke ont droit à un paquet de serviette hygiéniques par mois avec possibilité de se servir auprès du dispositif en cas d’urgence.
Alimenté une à deux fois par mois, un comité mixte composé d’élèves, une encadreuse, une tante éducatrice et un représentant de WUFF, assurent la gestion du dispositif. « Nous prévoyons une distribution des serviettes réutilisables à la fin de cette année scolaire pour que les filles puissent continuer à vivre avec dignité leurs menstruations même pendant les vacances » indique Dr Pacis Alarine Irambona.
Contexte de la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM) au Burundi?
Tabous au Burundi, les sujets liés à la santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR) dont l’hygiène menstruelle sont abordés avec une certaine délicatesse. L’étude faite par l’Unicef en 2017 sur la GHM, rapporte que 21.1% des mères et 85% des pères interrogés ne parlent pas d’un tel sujet avec leurs enfants. Même son de cloche au sein des établissements scolaires où 71.6% des directeurs d’école et des enseignants (hommes et femmes) indiquent avoir honte de parler de la menstruation aux élèves.
Les victimes restent les jeunes filles qui par manque de connaissances suffisantes ne savent sur quel bon cheval miser en matière de GHM. 81% des écolières interviewées, avouent avoir eu peur lors de leurs premières règles. Certaines filles pensent même que les serviettes hygiéniques communément appelées Kotex causent des maladies génitales, notamment le cancer du col utérin.
Des répercussions sur la participation significative de filles, à l’école en période menstruelle, ne manquent pas. 78.2% des filles disent se sentir stressées et fatiguées à l’école durant leurs menstrues. 44,6% d’entre elles se sentent rejetées et stigmatisées par leurs camarades de classe, surtout de sexe masculin. Un taux d’absentéisme scolaire pendant les menstruations, qui n’est pas négligeable: 70.2% des filles et 88.3% des directeurs et des enseignants interrogés ont confirmé des absences récurrentes des filles pendant leurs menstruations.
Des défis ? ils n’en manquent pas.
L’inflation du prix des serviettes hygiéniques jetables, est un lourd fardeau pour la femme burundaise. Comme ailleurs, plusieurs font face à la pauvreté menstruelle, qui les exposent aux risques de développer des maladies génitales et leurs conséquences. D’une brève estimation, il coutera 4.050.000 FBu à une femme burundaise pour environ 450 périodes menstruelle, durant toute sa vie (tenant compte de l’âge moyen de début des règles 12,6 ans et la survenue de la ménopause 45-55ans) soit 9000fbu par mois. Aujourd’hui, en moyenne, un paquet de serviette hygiénique coûte 3500fbu, un savon pour l’hygiène à 1500fbu, douloureuse pour la plupart, un antidouleur à 1000fbu/plaquette, un sous-vêtement neuf à 3000fbu. A ce sujet, un des meilleurs exutoires reste la détaxation des serviettes hygiéniques au Burundi. Le manque de connaissance auprès des jeunes, sur la menstruation, le caractère tabou et les mauvaises informations qui circulent sur les menstruations ne favorisent pas l’affaire.« Plusieurs écoles manquent des infrastructures adaptées pour faciliter le lavage et le séchage de serviettes réutilisables ».
Le manque de ressources financière reste toutefois un frein pour la durabilité de ces dispositifs. D’où un appel à appui à cette initiative pour l’élargir dans d’autres établissements.
En outre, prendre exemples de ce qui se fait sous d’autre cieux, serait bénéfique pour cette cause. Mettre fin à la pauvrette menstruelle au bénéfice de la femme Burundaise.
Photos © WUFF-Burundi