Analyse des résultats d’un sondage sur les connaissances des jeunes sur le VIH au Burundi

  1. Introduction

 

Le VIH/SIDA demeure un enjeu majeur de santé publique au Burundi. Selon les données les plus récentes de l’ONUSIDA, le Burundi affiche un taux de prévalence du VIH estimé à 0,9% selon l’Enquête Démographique et de Santé de 2016-2017, avec une incidence plus élevée dans certaines populations clés, telles que les travailleurs du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les jeunes femmes. Cette situation s’explique par des facteurs socio-économiques, des inégalités de genre, et un accès limité aux services de santé, notamment dans les régions rurales.

En 2023, environ 390 000 personnes vivaient avec le VIH au Burundi. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés grâce aux efforts conjoints du gouvernement et des organisations partenaires pour améliorer l’accès aux services de traitement et de prévention, des défis demeurent. Par exemple, le taux de suppression virale reste en dessous de l’objectif fixé par l’ONUSIDA, et la stigmatisation associée au VIH continue d’affecter l’accès au dépistage et aux soins.

Les jeunes, en particulier, constituent un groupe vulnérable en raison d’un manque d’éducation sexuelle complète et de l’influence des normes culturelles. Les efforts de sensibilisation doivent être intensifiés pour s’assurer que les connaissances sur le VIH, sa prévention et son traitement soient bien ancrées dans cette tranche de la population, qui joue un rôle central dans la lutte contre l’épidémie.

Cette analyse se base sur un sondage effectué sur X (ex-Twitter) par les membres de la communauté de pratique sur le VIH de Share-Net Burundi, qui a évalué le niveau de connaissances des jeunes sur divers aspects du VIH.

  1. Analyse des résultats

Les résultats du sondage montrent des tendances positives mais soulignent aussi des lacunes importantes :

  • 69% des répondants comprennent bien la différence entre le virus et la maladie. Cependant, le fait que 31% aient une compréhension incorrecte ou incomplète indique la nécessité de renforcer la communication sur la nature du VIH et du SIDA, pour éviter les amalgames et les stigmatisations.
  • 96% des répondants savent que le VIH peut être contracté dès le premier rapport sexuel. Ce niveau de connaissance montre que les messages de sensibilisation sur les risques des rapports non protégés ont un certain impact. Toutefois, il est crucial de maintenir ces efforts éducatifs pour que cette connaissance devienne universelle.
  • 90% des jeunes savent que les antirétroviraux (ARV) sont le traitement efficace pour gérer le VIH. Cependant, les 10% restants qui pensent que d’autres options, comme la pilule, sont efficaces, révèlent un besoin de clarifier les types de traitements disponibles et leur fonctionnement.
  • 73% pensent qu’une personne sous traitement peut encore transmettre le virus. Bien que cette réponse ne soit pas totalement incorrecte, il est essentiel de renforcer l’information sur l’importance de la suppression virale et de la notion de « indétectable = intransmissible » (I=I).
  • 66% des participants choisiraient de quitter leur partenaire si ce dernier refuse de se faire dépister. Cette réponse met en lumière les dynamiques relationnelles complexes autour du dépistage et la perception de la responsabilité individuelle en matière de santé. Cela pourrait refléter des normes sociales sur la fidélité et la confiance, nécessitant des campagnes pour promouvoir le dialogue constructif et le soutien mutuel dans les couples.
  • 82% savent qu’il n’existe pas de signe physique permettant de reconnaître une personne porteuse du VIH, mais 14% pensent encore que des symptômes comme des boutons peuvent indiquer une infection. Cette confusion révèle des croyances erronées qu’il est crucial de corriger pour combattre la stigmatisation et la désinformation.
  • 98% indiquent qu’ils se feraient dépister après une exposition potentielle, ce qui est très positif et montre une prise de conscience sur l’importance du dépistage rapide.
  • 96% savent que le traitement post-exposition doit être pris dans les 72 heures, ce qui démontre un bon niveau de sensibilisation. Cependant, il est toujours nécessaire de s’assurer que cette information atteigne les populations rurales et les zones moins desservies.
  • Implications des résultats pour la situation actuelle du VIH au Burundi

Ces résultats montrent que, malgré une certaine connaissance des aspects fondamentaux du VIH, des lacunes importantes demeurent, notamment dans la compréhension approfondie des traitements et de la transmission par des personnes sous ARV.

  • Niveau de sensibilisation : Les jeunes semblent avoir une base de connaissances solides, mais des idées fausses persistent, ce qui peut alimenter la stigmatisation et affecter les comportements de prévention.
  • Acceptation et stigmatisation : Le fait que des participants soient prêts à quitter leur partenaire pour éviter un risque montre que la stigmatisation et la peur entourant le VIH existent toujours. Cela indique un besoin de promouvoir des messages qui encouragent le soutien et la compassion, ainsi que des stratégies relationnelles saines face au dépistage et au traitement.
  • Accès aux ressources éducatives : Bien que les résultats montrent un certain niveau d’éducation, il est probable que l’accès à des informations précises soit inégal. Les jeunes des milieux ruraux et des communautés marginalisées pourraient ne pas avoir le même niveau de connaissance que ceux ayant participé à ce sondage, souvent des jeunes connectés sur des plateformes numériques.
  1. Recommandations pour Améliorer la Sensibilisation
  • Renforcement des campagnes d’éducation : Développer des programmes éducatifs axés sur la différence entre le VIH et le SIDA, l’importance de la suppression virale et la non-transmission.
  • Engagement communautaire : Intégrer des leaders communautaires et des personnes vivant avec le VIH pour partager des témoignages et démystifier les perceptions autour de la maladie.
  • Promotion du dépistage volontaire : Encourager des initiatives qui promeuvent un dialogue ouvert sur le dépistage dans les couples, soutenu par des conseillers en santé mentale.
  • Formation continue des agents de santé : Assurer que les agents de santé et les éducateurs disposent des outils nécessaires pour informer correctement les jeunes et les adultes sur le VIH et les traitements.
  1. Conclusion

Le sondage de Share-Net Burundi a permis de mettre en lumière des connaissances solides mais incomplètes sur le VIH parmi les jeunes. Pour combattre efficacement le VIH au Burundi, il est essentiel de combler ces lacunes par des programmes de sensibilisation bien ciblés, de lutter contre la stigmatisation et de garantir un accès équitable à l’information et aux services de dépistage et de traitement.

Ces efforts permettront de bâtir une société mieux informée, plus tolérante et plus proactive face aux défis posés par le VIH/SIDA.

Analyse des connaissances et perceptions sur l’usage du préservatif au Burundi

  1. Introduction

L’utilisation du préservatif reste un enjeu majeur dans les stratégies de prévention contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et les grossesses non désirées (GND) au Burundi. Ce document s’appuie sur les résultats d’un sondage effectué par les membres de la communauté de pratique sur le planning familial de Share-Net Burundi sur X (ex-Twitter) afin de mieux comprendre le niveau de connaissances et les perceptions concernant l’usage du préservatif parmi les jeunes et d’identifier les axes d’amélioration pour les campagnes de sensibilisation et d’éducation sexuelle.

  1. Analyse des Résultats du Sondage

Les résultats du sondage révèlent des tendances significatives qui méritent d’être approfondies pour éclairer les efforts de sensibilisation :

  • 83% des répondants ont déjà vu un préservatif, ce qui indique que la majorité est au moins familiarisée visuellement avec cet outil de prévention. Cependant, les 17% restants représentent une proportion non négligeable de la population qui pourrait manquer d’accès à l’éducation et aux services de santé sexuelle.
  • 57% des participants trouvent gênant d’acheter des préservatifs. Cette barrière sociale peut décourager leur utilisation régulière et met en lumière la persistance de la stigmatisation autour de la sexualité et de la santé sexuelle. La normalisation de l’achat de préservatifs par des campagnes de sensibilisation pourrait contribuer à réduire cette gêne.
  • 55% des répondants estiment que le préservatif diminue le plaisir sexuel, tandis que 45% ne partagent pas cette opinion. Cette perception peut avoir un impact direct sur la régularité de l’utilisation des préservatifs. Il est essentiel de promouvoir la diversité des options disponibles, telles que les préservatifs ultra-fins, pour réduire ce sentiment et encourager leur adoption.
  • 65% des répondants reconnaissent la prévention des IST comme l’avantage principal, suivi par 28% mentionnant la prévention du VIH/SIDA. Seulement 8% citent la prévention des GND, ce qui souligne un besoin de mieux sensibiliser sur la polyvalence des préservatifs en tant qu’outil de protection contre les grossesses non désirées.
  • 88% des participants pensent que le consentement pour l’utilisation du préservatif est nécessaire. Ce chiffre positif démontre une compréhension globale de l’importance du consentement, mais il reste 13% qui nécessitent davantage d’éducation sur cette question fondamentale de respect mutuel dans les relations.
  •  89% savent que le préservatif doit être conservé dans un endroit frais et sec, ce qui indique une bonne base de connaissance. Les réponses incorrectes montrent cependant que des rappels réguliers sont utiles pour éviter des pratiques qui réduisent l’efficacité des préservatifs.
  • 89% des répondants savent que l’utilisation simultanée de plusieurs préservatifs n’est pas une bonne pratique, évitant ainsi les risques de déchirure dus au frottement.
  • 80% des participants savent qu’il doit être déroulé avant tout contact sexuel, et 85% comprennent qu’il ne doit pas être mis en place après la pénétration. Ces statistiques révèlent une bonne compréhension générale, mais il reste une marge d’amélioration.
  • Implications et Défis Actuels

Ces résultats montrent que, bien que la connaissance des bases de l’usage du préservatif soit répandue, des croyances erronées et des obstacles psychologiques persistent, affectant leur utilisation efficace. Les défis à relever incluent :

  • Stigmatisation sociale : La gêne ressentie à l’achat de préservatifs révèle la persistance de tabous autour de la sexualité. Cette stigmatisation peut être abordée par des campagnes de sensibilisation publiques visant à normaliser l’achat et l’utilisation des préservatifs.
  • Perceptions négatives sur le plaisir sexuel : L’idée que le préservatif diminue le plaisir reste un obstacle important. Promouvoir des options adaptées et améliorer la communication autour du confort et de la variété des préservatifs pourrait changer cette perception.
  • Éducation continue : Il est crucial de renforcer l’éducation sexuelle dans les écoles et dans les communautés pour atteindre ceux qui n’ont pas encore été exposés à ces informations.
  1. Recommandations pour l’Amélioration des Campagnes de Sensibilisation

Pour accroître l’adoption des préservatifs et améliorer les connaissances à leur sujet, il est recommandé de :

  • Intensifier les campagnes de déstigmatisation : Des initiatives de sensibilisation qui incluent des témoignages et des discussions ouvertes sur l’achat et l’utilisation des préservatifs peuvent réduire la gêne sociale.
  • Sensibiliser sur le confort et le plaisir : Promouvoir des préservatifs de différentes textures et épaisseurs qui maximisent le confort et le plaisir pourrait encourager leur utilisation.
  • Renforcer l’éducation sur les multiples rôles des préservatifs : Les campagnes devraient insister sur la double protection offerte par les préservatifs, contre les IST et les GND.
  • Augmenter l’accès aux préservatifs : S’assurer que les préservatifs soient disponibles gratuitement ou à bas coût dans les centres de santé, écoles et pharmacies aiderait à surmonter les barrières financières et d’accès.
  1. Conclusion

L’usage du préservatif est essentiel pour la prévention des IST, y compris le VIH/SIDA, et des GND. Bien que la majorité des jeunes aient une compréhension solide des bases de l’utilisation des préservatifs, il reste des domaines à améliorer. Des efforts accrus en matière d’éducation, de déstigmatisation et d’accessibilité sont nécessaires pour promouvoir une adoption plus large et plus efficace de cet outil crucial de santé publique.

 

APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT

CONTEXTE

Share-Net Burundi est une plateforme de gestion de connaissances dédiée au développement durable, avec pour mission de renforcer les droits humains, la justice sociale et la santé au Burundi à travers le partage et l’utilisation efficace des connaissances. Dans le cadre du projet UMUHIVU, nous souhaitons renforcer les synergies et les capacités des organisations dirigées par les jeunes et les femmes, afin de promouvoir une justice sociale partagée.

Nous lançons cet appel à manifestation d’intérêt pour identifier des organisations émergentes et des activistes engagés pour le changement social dans leurs communautés. Share-Net Burundi reconnaît la contribution essentielle des jeunes organisations progressistes et de leurs alliés dans l’amélioration de l’engagement communautaire et le plaidoyer pour des changements sociaux durables.

Notre objectif est de créer un environnement propice pour permettre à ces organisations de s’épanouir, en offrant des opportunités de réseautage, de renforcement des capacités, et de collaboration stratégique.

PRIORITÉS EN MATIÈRE DE SÉLECTION

Cet appel s’adresse aux organisations émergentes dirigées par des jeunes et des femmes, œuvrant dans des domaines clés et désireuses de renforcer leurs capacités. Nous leur proposons de rejoindre des espaces dynamiques et inclusifs favorisant l’échange et la collaboration, afin de les aider à agir de manière efficace et impactante.

Les domaines thématiques prioritaires pour cet appel sont les suivants :

  • Sécurité alimentaire et nutrition
  • Santé sexuelle et reproductive, et droits y relatifs
  • Gouvernance et état de droit
  • Développement du secteur privé (entrepreneuriat)
  • Jeunesse/Art

Pour ce premier appel, dix structures/initiatives seront sélectionnées pour bénéficier d’un accompagnement spécifique.

CANDIDATS ÉLIGIBLES

  • Organisations : Cet appel est ouvert aux associations, initiatives, entreprises sociales et organisations médiatiques dirigées par des jeunes et des femmes, avec un siège social à Bujumbura et œuvrant dans les domaines thématiques mentionnés. Un accent particulier est mis sur les structures axées sur la défense des droits et le développement communautaire.
  • Activistes : Les individus engagés dans la promotion de la justice sociale et des droits humains sont également invités à soumettre leur candidature.

PROCÉDURE DE SOUMISSION

Si votre organisation ou initiative répond aux critères énoncés ci-dessus, nous vous invitons à soumettre votre manifestation d’intérêt en remplissant le formulaire d’inscription au plus tard le 28 octobre 2024, via ce lien.

 

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