Analyse : De la participation des femmes dans la politique et occupation des postes clés dans la prise de décision au Burundi
Selon une étude faite par l’AFRABU sur la participation de la femme dans les instances de prise de décision en 2016, le taux de représentativité féminine reste à un niveau très bas. Pourtant, il est important de non seulement les inclure dans le gouvernement, mais aussi de les encadrer suffisamment pour une représentation plus inclusive.
- Par Inès Kidasharira
Selon cette étude, la moyenne générale dégagée à partir de la matrice d’observation des différents taux remarqués dans différents secteurs de la vie nationale est de 17% seulement.
De manière générale, les autorités de nomination, celles de la classe politique en particulier, s’efforcent de réaliser le quota constitutionnel de 30% pour les postes électifs. La diplomatie, le secteur agricole et les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé sont en souffrance. Les femmes n’y sont guère représentées jusqu’à 12%.
Cette étude révèle, par ailleurs, qu’aucune femme ne dirige une université. Or, c’est précisément dans ces domaines sociaux, vitaux par excellence, que se trouvent des effectifs importants de d’employés féminins.
Participation de la femme dans les instances de prise de décision et son inclusivité dans les processus de paix et de sécurité, AFRABU, Déc 2016
Pourtant La Constitution du 18 mars 2005 est explicite à ce sujet: « Les droits et devoirs proclamés et garantis, entre autres, par la Déclaration universelle des droits de l’homme, les Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant font partie intégrante de la Constitution de la République du Burundi ».
Quid de la participation/ préparation de la femme à occuper des postes clés de prise de décision.
Le tableau ci-dessous illustre la représentativité pauvre des femmes dans les postes techniques qui sont pourtant le tremplin vers des postes plus élevés comme ceux de ministres, vice-présidents ou président.
Or occuper des hautes fonctions comme ministre ou Directeur Général ne s’apprend pas en un jour…et ici il y a un fossé énorme par rapport à leurs confrères hommes. Ces derniers ont pu être dans des fonctions managériales dans leur cursus pour se forger des connaissances utiles mais surtout développer une confiance en eux-mêmes, qui manque cruellement à leurs consœurs qui n’ont pas eu ces occasions-là.
De plus, le schéma de passer par les partis politiques n’est pas encore assez attractif pour beaucoup de femmes parce que devant concilier vie familiale, vie professionnelle et vie politique et se retrouvant en train de subir des violences de leurs conjoints en premier lieu qui les taxent d’entretenir des relations sentimentales avec les autres membres du parti. Par exemple, les différentes réunions des partis s’organisant en dehors des heures de services (la nuit souvent) les femmes se retrouvent dans l’impossibilité de percer voire de s’imposer dans ce milieu et bien d’autres barrières encore.
Or la cooptation à laquelle fait recours les partis pour remplir les quotas requis revient à positionner des femmes non pas parce que compétentes mais parce que femmes seulement ce qui renforce encore plus les idées préconçues de ‘femmes incompétentes’
« Souvent, une femme qui veut participer à la politique doit concilier la vie familiale, l’activité professionnelle et la carrière politique dans laquelle elle se lance. En outre, elle doit affronter les préjugés culturels ». Burundi: la réprésentation des femmes dans les instances de prise de décision.
Pour une inclusivité effective, il y a un travail structurel de fond assez consistant à faire
Ce travail consistant à s’assurer que les filles et les garçons ont accès aux mêmes opportunités et que les textes ratifiés par le pays soient déclinés en actions concrètes pour une transformation profonde des mentalités et des structures de la base au sommet afin d’asseoir cette égalité hommes et femmes.
Mais si l’on commence par le bout visible de l’iceberg, un plaidoyer pour une formation en « cours d’emploi » des femmes dans les instances de prise de décision s’impose. Ceci afin de renforcer leurs capacités et éviter qu’elles ne soient ‘taxées’ d’incompétentes, ce qui risquerait de décourager celles émergentes.
Ceci est valable pour les hommes et les femmes d’ailleurs pour relever la qualité des dirigeants de manière générale.
En lisant l’actualité quotidienne par rapport aux destitutions et aux cas de mauvaise gestion des affaires de l’Etat, on est en droit de se questionner par exemple s’il y a un volet gestion des ressources humaines bien structuré et outillé, un paquet minimum de formations pour les nouveaux arrivants, un code de conduite, des cours sur l’Intégrité, conflit d’intérêt ou même des principes basiques de management.
Parce qu’une « culture se cultive », se nourrit de choses concrètes faites avec consistance. Or l’atteinte de cette intégration des femmes dans toutes les sphères passera par ‘ces petites’ choses – changements faits intentionnellement et avec constance pour des résultats durables et ceci serait bénéfique à tous hommes comme femmes de ce pays.